[ Coma Lucide n° 69 / Edito ]     [ Coma Lucide n° 69 ]     [ L'atelier de Coma Lucide ]

Autoroute A10 - logo titre
AUTOROUTE A10
Une nouvelle d'Alain Faure
Illustration du Jamurder
     Comment vous dire, Francine était littéralement transformée; elle portait cette courte jupe que j'aime beaucoup et un chemisier quasi transparent très décolleté, dans ses yeux brillait une étrange lueur, vous savez ?
Quelque chose d'indéfinissable, de très lubrique. J'ai l'impression qu'elle avait déjà préparé cette soirée dans sa tête, qu'elle avait tout manigancé.
Nous sommes allés boire un verre en ville, où sa tenue n'avait laissé personne indifférent. Je vous jure, j'avais presque honte d'être à son bras. Ce n'était plus mon épouse mais une professionnelle, une sorte de poule de luxe. Elle a commandé des vodkas qu'elle a bu très rapidement, elle a été vite ivre je crois. Elle prenait des pauses indécentes, jambes largement ouvertes sur sa fine culotte de soie noire. Puis elle s'est levée, me donnant l'ordre de la suivre, "on va bien s'amuser, tu vas voir !" me glissa t-elle à l'oreille. Nous sommes montés en voiture, elle me guida dans les rues désertes, vers une mystérieuse destination.


  Une fois sur l'autoroute, elle a commencé par montrer ses seins aux camions que nous doublions. Elle me donnait l'ordre de faire des appels de phare pour être certaine d'attirer leur attention. Sa culotte a rapidement rejoint son sac à main à l'arrière pour mieux exhiber son sexe dont elle avait pris soin d'épiler les lèvres. Les routiers saluaient ses audaces par des coups de klaxon.

suscitait, Francine me demandait de prendre la route. La nuit était presque tombée. Le plafonnier allumé, elle continuait son manège, à l'approche de chaque poids lourd: appels de phares frénétiques, diverses caresses, dans la frénésie le vibro dégoulinant entra même dans son anus, lui faisant pousser un cri qui me fit sursauter, déformant son visage d'une drôle de grimace.

  J'était mort de trouille, et troublé aussi, très troublé, comme hypnotisé par le corps de ma femme. Elle me donnait l'impression d'être ensorcelée. Elle m'ordonna de stopper sur l'aire du Héron Bleu soit disant réputé pour ses nombreux voyeurs. La voiture arrêtée, elle a sorti une sorte de petit vibromasseur doré de son sac et a entamé une folle masturbation. J'étais fasciné : c'était surréaliste de la voir dans cet état.

Il y avait plus d'activité à l'arrêt suivant. Dans les voitures et les camions garés là, des ombres se détachaient, dansaient dans l'obscurité, parfois éclairés par le faisceau d'un phare distinguait-on une fesse, un sein. Ma femme nue attira une grappe de voyeurs, queue à la main, qui ne tardèrent pas à inonder le pare-brise de leur semence visqueuse. Je vous jure, j'avais l'impression de rêver, je croyais que j'allais ouvrir les yeux et me retrouver chez moi. Je devais être en plein fantasme, dans la lecture du courrier des lecteurs des revues de cul que j'ai pris l'habitude de lire.

  L'objet aux formes lisse n'eut aucun mal à la pénétrer, elle fermait les yeux en souriant. Quelques hommes commençaient à s'approcher de notre véhicule pour la plupart assez laids, ventripotents, d'autres restaient à l'abris des arbres, le pantalon sur les chaussures. Déçue du peu d'enthousiasme qu'elle

  Nous reprenions la route sur ses injonctions. Je n'avais pas dis un mot depuis notre départ, me laissant faire, observateur/acteur... N'avais-je pas désiré tout cela ? N'avais-je pas tanné Francine pendant des années avec mes exigences échangistes ? N'avais-je pas été terriblement frustré devant ses refus répétés, ses habitudes de sainte-nitouche ? Alors pourquoi me plaindre aujourd'hui ?
  Ma femme était déchaînée, au troisième arrêt d'autoroute que nous fréquentions, elle me suça comme jamais, devant un attroupement de routiers, voyeurs, curieux. Elle baissa même sa vitre pour sucer ses admirateurs pendant que je l'honorais en levrette. Et là sans crier gare, elle a ouvert la portière en me faisant un clin d'oeil de défi : "regarde bien, regarde de tous tes yeux, mon chéri " .
  Elle a alors disparu, comme happée par une dizaine de main. Elle était là dans la lumière des phares, des dizaines de bites toutes raides autour d'elle. J'ai arrêté de sourire. Je comprenais que les choses tournaient mal.
- Et pourquoi cette impression ?
- Je ne sais pas. Je suis sorti de la voiture, j'ai tenté d'approcher, il y avait trop de monde. Ma femme hurlait de joie ou de douleur, je ne sais pas, j'avais l'impression d'assister à un viol collectif désordonné; chaque type offrait sa queue à Francine qui la gobait, le visage couvert de sperme. Je leur criaient d'arrêter, je distribuais des claques, des coups de poings pour me rapprocher encore, mais en vain. J'ai senti une main agripper mon épaule. En me retournant, j'ai vu quatre gars, genre boys band, en plus costauds, habillés de cuir avec des boucles sur les seins, le sexe sortant du pantalon. Ils me souriaient; m'ont attrapé et là... J'ai été secoué dans tous les sens, violé à plusieurs reprises, je me suis évanoui. Quand j'ai ouvert les yeux, vous étiez là, monsieur le commissaire.
- Très bien ! Je vous remercie. Je me rend auprès de votre femme pour recueillir son témoignage.
- Je vous demande toute la plus grande discrétion sur cette affaire. Je peux vous faire confiance ?? En tant que représentant de l'ordre, vous êtes un peu des nôtres et vous devez comprendre que le parti de la "France Propre" ne doit pas être éclaboussé des frasques malheureuses de la femme de son bien-aimé président. Ce n'est qu'un incident fâcheux qui doit être bien vite oublié.
- Oui monsieur, rien ne filtrera de cet interrogatoire. Reposez-vous bien. Au revoir !


  Le commissaire Gerbier referme la porte de la chambre en se retenant de rire. Dans le couloir, sans hésiter, il se rue sur le téléphone mural. - "La gazette du soir ", Jean Barto à l'appareil !
- Jean ? Commissaire Gerbier ! Tu as eu vent du remue-ménage sur l'arrêt d'autoroute des Mesnil, cette nuit ?
Et bien j'ai un témoignage qui pourrait beaucoup intéresser tes lecteurs, à condition de ne pas révéler tes sources !

[ Coma Lucide n° 69 / Edito ]     [ Coma Lucide n° 69 ]     [ L'atelier de Coma Lucide ]