HE LÀ, TU LA SENS ?


Une nouvelle de Gigi
Illustrations de Besseron


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      J' ai rencontré Jean Hervé à un meeting de soutien aux étrangers en situation irrégulière. La première chose qu'il m'a demandé, c'est quelle était la marque de mon déodorant. "Tant de filles sentent tellement mauvais sous les aisselles" m'a-t-il dit. Quand je lui ai avoué que j'utilisais Rexona, il a tout de suite été rassuré. Mais c'est moi qui ne l'était plus. Il exhalait une haleine au paté pas très engageante. Quel culot ce Jean Hervé ! Je n'osais même pas imaginer le contenu de son slip kangourou. Peu à peu je m'éloignais de lui, je l'évitais même. Un ami est allé parler à Jean Hervé.
-"A ta place je surveillerais mon haleine. Tu devrais utiliser Colgate sulfaté, c'est instantané."
   Effectivement Jean Hervé avait meilleur goût, j'avais envie de l'embrasser. Mais quand j'ai visité son slip kangourou, j'ai déchanté. Décidement ce Jean Hervé est irrécupérable. Je lui ai dis et par la suite il en faisait vraiment trop. Il se déplaçait toujours dans un halo vaporeux de parfum bon marché qui en disait long sur son mauvais goût. Mais bon, il avait une grosse bite. Il a voulu que je pardonne et j'ai tout pardonné; Jean Hervé m'a invité à dîner. Quand je suis arrivée, il était dans la salle de bain. Vingt minutes après il y était toujours.
-"Mais qu'est-ce que tu fais ?"
-"Je me fais beau."
-"Quoi tu te fais beau avec un savon ?"
   Décidement il m'étonnera toujours. Après quoi j'ai plongé avec lui sous la mousse pour être sûr qu'il serait parfaitement dégraissé. Les hommes conservent souvent un côté cow-boy qui les rend difficile à supporter au delà de la simple passe.
   Après s'être longuement astiqués les recoins, nous allions pouvoir commencer cette soirée comme une toute première fois. J'étais satisfaite des efforts que Jean Hervé déployait à mon égard. Hélas, il a de nouveau gâché ses chances en renversant un verre de vin sur mon chemisier blanc. Et il n'a rien trouver de mieux que de m'asperger de sel. C'est à cette occasion que je m'aperçu que la chemise de Jean Hervé était moins blanche que la mienne. Je dus me déshabiller. Il en profita pour me peloter. Moi même, je ne me fis pas prier pour le sucer. Bref, j'oubliais tout ça dans une bonne partie de jambes en l'air. Quel coquin ce Jean Hervé quand même !
   Nous nous endormîmes tous les deux dans nos odeurs de transpiration et de foutre mêlées.
   Quand je me reveillais le lendemain matin, je m'aperçu avec effroi que j'avais eu mes règles pendant la nuit. Je m'empressais de disparaître non sans laisser un mot sur l'oreiller : "A ta place, j'utiliserais OMO . Adieu".
Désormais, j'évite soigneusement de rencontrer Jean Hervé et je supporte mieux les odeurs de pâté.


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